De l’engagement visionnaire de dirigeants inspirés à la pression des milieux financiers, les motivations pour s’engager dans la RSE ont évolué dans le temps.
On peut aujourd’hui les classer en 6 grandes catégories : l’engagement du fondateur, l’amélioration de la performance, les risques réglementaires, l’attractivité de la marque employeur, la demande des clients, l’évaluation extra financière de l’entreprise.
Les convictions environnementales et sociales du fondateur ou des dirigeants
De belles aventures entrepreneuriale se sont bâties sur les convictions de fondateurs engagés sur les enjeux environnementaux ou sociétaux. Parmi les précurseurs, citons un exemple iconique, Yvon Chouinard cet alpiniste américain qui a créé Patagonia. Sa biographie sur Wikipédia raconte que l’idée lui serait venue après avoir constaté que les pitons et les mousquetons qu’il utilisait n’étaient pas assez solides et abîmaient la nature. Un gros succès marketing et une entreprise activiste qui fait référence.
Plus récemment, on peut citer en France Lucie Bash, la créatrice de Too good to go , la start-up qui permet aux invendus de la distribution d’être achetés par les consommateurs au lieu d’être jetés.
Dans le secteur des grands groupes industriels, citons également Bertrand Collomb, dirigeant de Lafarge jusqu’en 2007 qui fut l’un des premiers dirigeants d’entreprise à participer à la convention de Rio (Sommet de la Terre) en 1992 avant d’impulser une politique de développement durable à son groupe se traduisant par une baisse de son empreinte carbone de 20% entre 1990 et 2010, et ce bien avant que le carbone ne soit devenu le sujet majeur de la transition écologique
Les risques réglementaires
Les entreprises industrielles ont été les premières à s’engager dans la réduction de leurs impacts environnementaux. Avec la pression croissante de la société civile stopper les pollutions et les accidents industriels, les réglementations nationales et internationales se sont renforcées ainsi que le contrôle des administrations. En France, toute une série de lois vient cadrer l’action des entreprises avec des sanctions et des amendes si la réglementation n’est pas respectée.
L’adhésion des parties prenantes locales à un projet industriel ou commercial est aussi devenue incontournable pour obtenir une autorisation d’exploiter, ce qui est une autre source de motivation pour connaître toutes les parties prenantes et dialoguer avec elles.
La directive européenne en préparation, appelée CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), applicable à partir de 2024, viendra renforcer les exigences sur le reporting des données ESG. Toutes les entreprises de plus de 250 salariés et plus de 40 millions d’euros de chiffre d’affaires ou 20 millions d’euros au bilan devront publier leurs indicateurs ESG avec le contrôle d’un organisme tiers. Autant dire que la pression sur les indicateurs ESG va aller crescendo.
L’attractivité de la marque employeur
Le sens est le nouveau graal que l’on vient chercher dans son travail. Pour attirer, motiver et conserver les talents, les entreprises doivent aujourd’hui offrir plus qu’un salaire et donner des preuves de la réalité de leurs engagements.
Cette quête de sens se traduit dans de nombreux enjeux RSE : la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux dans les décisions stratégiques et opérationnelles, la qualité de vie au travail, le respect de la diversité, la sécurité à son poste de travail, la formation, la gestion des carrières et des rémunérations, la cohérence entre les engagements et les actes de l’entreprise, l’application des règles éthique, l’ancrage local ou le soutien de causes environnementales ou sociales.
La création de valeur et le business
Pendant longtemps, les modèles économiques basés sur des promesses de réduction d’impact environnemental ou sociétal non pas trouvé de clients. Les produits bio ont mis plus de 20 ans avant de se démocratiser, le béton bas carbone n’intéressait pas les promoteurs car il était trop cher, la seconde main était destinée à un public sans pouvoir d’achat, posséder une grosse berline ou un 4X4 avec un gros moteur consommateur d’énergies fossiles était un marqueur de statut social.
Le monde a changé. Est-ce le dérèglement du climat, les manifestations des jeunes générations qui prennent des formes parfois violentes ou une prise de conscience qui s’impose à tous ? La demande pour des offres responsables ne cesse de croître et de nouveaux modèles économiques sont en train de se créer. Ceux qui ne prennent pas la mesure de ces changements fragilisent leur modèle et pour certains le condamnent.
La fin des voitures thermiques, l’électricité renouvelable, les matériaux biosourcés, la réparabilité, le recyclage,… La liste est longue des nouveaux marchés qui s’ouvrent et vont se développer.
Pour les services, citons l’exemple de la MAIF, une société d’assurance qui propose des pièces d’occasion pour réparer les véhicules accidentés.
Autre exemple parmi les licornes françaises, Back Market qui vend du matériel électronique reconditionné.
La pression vient aussi des clients qui sont de plus en plus nombreux à demander à leurs fournisseurs des indicateurs et des documents de preuve de leurs actions RSE, car ils sont eux-mêmes engagés dans une démarche d’achats responsables pour se conformer à la loi sur le devoir de vigilance.
Les demandes des organismes financiers
L’argent est le nerf de la guerre et c’est probablement le levier qui fait bouger le plus rapidement les organisations.
Le 10 mars 2021, une nouvelle obligation s’est imposée aux sociétés de gestion afin de renforcer les contrôles des informations extra-financières des sociétés dans lesquelles elles investissent. De facto, les sociétés de gestion sont amenées à vérifier de manière plus précise la réalité des indicateurs ESG qu’elles suivent pour évaluer les risques de durabilité de leurs fonds dits « verts ».
De plus en plus de banques proposent également des prêts bonifiés pour financer des projets RSE, sachant qu’il faudra apporter la preuve d’une amélioration sur des indicateurs ESG.
L’amélioration de la performance
Cette raison n’est pas souvent mise en avant alors que la RSE un réel impact sur l’amélioration de la performance d’une entreprise.
Tout d’abord, la RSE invite à consommer moins et à réutiliser plus avec un impact direct sur les coûts de fonctionnement. En réinterrogeant nos pratiques sous l’angle de la RSE, on peut trouver des réductions de couts.
Ensuite, s’engager dans une démarche RSE oblige à se poser des questions sur ses mode de décision et de fonctionnement et à revisiter ses process
Pour rappel, La RSE s’appuie sur la norme ISO 26000 qui regroupe 7 grandes questions centrales : la gouvernance, les droits humains, les conditions de travail, l’environnement, l’éthique, le client, l’intégration locale. En balayant l’ensemble du référentiel ISO 26 000 et en cherchant des preuves, l’entreprise est amenée à formaliser et à mesurer, ce qui l’aidera à évaluer ses actions et à les améliorer.
En conclusion,
La RSE n’est pas une mode mais un levier pour garantir la pérennité de son modèle économique. Quelles que soient les raisons qui motivent une entreprise à engager une démarche RSE, le plus compliqué n’est pas de décider d’y aller mais de pouvoir la déployer de manière opérationnelle dans l’organisation en atteignant les résultats des engagements qu’on a pris.