La CSRD renforce le rôle des acheteurs dans l’analyse des risques de la chaine de valeur et dans les stratégies de décarbonation des entreprises

CSRD renforce le rôle des acheteurs
CSRD renforce le rôle des acheteurs

La CSRD demande une analyse des risques environnementaux et sociaux sur l’ensemble de la chaine de valeur et le rôle de l’acheteur va devenir clé pour associer les fournisseurs.

Le rôle central de l’acheteur dans la trajectoire de décarbonation de l’entreprise

En ce qui concerne le climat, une majorité de bilans de gaz à effet de serre (GES) affiche une part majeure du scope 3 dans les émissions carbone. L’acheteur a un rôle pivot dans le pilotage de la trajectoire de décarbonation car le bilan carbone des fournisseurs va aussi peser dans celui de l’entreprise. En effet, les émissions de gaz à effet de serre émises indirectement, celles du scope 3, vont désormais figurer dans les publications extra-financières demandées par la CSRD.

« Quand on sait que les entreprises externalisent une part très importante de leur chiffre d’affaires à des prestataires et sous-traitants, et que jusqu’à 80% des émissions de GES dans le secteur des biens de consommation proviennent de la chaîne logistique, c’est-à-dire des émissions indirectes amont du scope 3, on réalise que la fonction Achats est au cœur de la stratégie de décarbonation des entreprises. » déclare Marie Christine Stachetti – EFFERSENS –, experte achat du collectif Albacombee .

Les entreprises ne peuvent plus ignorer les trajectoires carbone de leurs fournisseurs et devront également collecter les données leur permettant de mesurer ces impacts. Il revient donc à l’acheteur, avec sa vision globalisée du marché, de faire des choix éclairés de partenaires pour son entreprise.

Les exigences de la CSRD au cœur de la transformation du métier

La CSRD impose une analyse de risques et d’opportunités, à la fois environnementales et sociales, sur l’ensemble de la chaine de valeur. Le rôle de l’acheteur va donc naturellement évoluer à la lumière de ces nouvelles exigences car il est « la courroie de transmission et d’animation des fournisseurs » précise notre experte. Elle ajoute : « L’acheteur est comme un business partner. Au centre de l’écosystème de l’entreprise, il est là pour choisir les meilleurs partenaires et consolider les données. Il est donc un maillon clé pour améliorer les indicateurs extra-financiers et atteindre les cibles fixées. »

Cette transformation du métier vers l’intégration des critères environnementaux et sociaux dans le choix de ses fournisseurs passera par une nécessaire formation de l’acheteur aux achats responsables et à la compréhension des enjeux de décarbonation. Car si la méthodologie ne change pas, c’est sur un tout nouveau terrain de jeu qu’il va devoir opérer. Pour diminuer les émissions carbone de l’entreprise, l’acheteur va notamment devoir cartographier les émissions carbone par catégorie d’achat et identifier les fournisseurs les plus engagés dans la décarbonation.

Mais rien ne pourra se faire sans une importante sensibilisation des directions opérationnelles et leur engagement sur les enjeux environnementaux et sociaux. Comme l’explique Marie-Christine Stachetti : « Ce sont elles qui définissent les stratégies de décarbonation de l’entreprise que l’acheteur va ensuite rendre possibles. Elles doivent donc accepter que pour les réaliser, l’acheteur sélectionne des fournisseurs sur la base d’une analyse multicritère intégrant des critères extra-financiers avec une forte pondération. ».

Finalement, la CSRD apporte un objectif supplémentaire que l’acheteur doit intégrer dans sa stratégie de mise en concurrence des fournisseurs.

Les achats responsables : un nouvel enjeu de compétitivité pour les fournisseurs

Plus fortement qu’auparavant, l’acheteur va jouer le rôle de médiateur entre l’entreprise et ses fournisseurs, car tous deux vont devoir évoluer pour se conformer à ces nouveaux critères d’évaluation.

Notre experte le confirme : « Les directions achats occupent une place centrale parce qu’elles sont la pierre angulaire dans le fait d’embarquer les fournisseurs dans la stratégie climatique de l’entreprise. »

Ce faisant, le curseur de compétitivité se déplace car les critères RSE entrent en ligne de compte de façon plus importante. Plus la stratégie climat de l’entreprise sera ambitieuse, plus l’acheteur devra pondérer les critères ESG dans ses appels d’offres et inciter ainsi les fournisseurs à transformer leur modèle pour se décarboner et rester dans la course.

Ainsi, la CSRD semble pousser vers une transformation en profondeur des stratégies achats pour décarboner les économies et les marchés.Du sourcing au pilotage, l’acheteur va devoir transformer ses process pour intégrer les critères RSE et embarquer les fournisseurs dans cette transition. Par sa connaissance pointue du marché et de tous ses acteurs, il a un rôle crucial à jouer dans l’atteinte des objectifs climatiques de l’entreprise.

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Marie Duris

RSE Conseil, communication et formation