Ralentir la fonte des glaces et protéger l’Arctique : le projet innovant de Real Ice qui recrée de la glace en grande masse

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fonte des glaces ralentir le réchauffement climatique avec real ice

Au pôle nord, la fonte des glaces n’impacte pas que les esquimaux et les ours blancs, elle perturbe également l’ensemble de l’équilibre planétaire. L’Arctique est un véritable écosystème jouant un rôle nécessaire de régulateur dans le réchauffement climatique. C’est pourquoi préserver ce territoire est devenu une priorité à laquelle s’est attaquée l’entreprise Real Ice avec son projet de « reglaciation » du pôle. L’ambition est de reconstituer la banquise avant sa disparition prévue en 2040 et ainsi tenter de contenir le réchauffement climatique sous les 1,5°C. On vous explique le pourquoi du comment.

L’Arctique, un régulateur climatique indispensable

L’été, la glace arctique agit comme un miroir géant, renvoyant 90% de la chaleur des rayonnements solaires vers l’espace, soit l’équivalent de six mois de production d’énergie humaine en une journée, environ 16 000TWh. Avec la réduction de la glace arctique, cette capacité de réflexion diminue, aggravant le réchauffement planétaire. Depuis les années 1970, l’Arctique a perdu 75% de son volume de glace et 48% de sa surface. Si rien n’est fait, d’ici 2040, la banquise pourrait quasiment disparaître durant l’été, un phénomène connu sous le nom de “blue ocean event”.

Les conséquences de la fonte des glaces

La fonte accélérée de la glace arctique a un effet domino sur le climat mondial. En absorbant plus de chaleur, la mer et l’air se réchauffent, modifiant le jet-stream polaire et entraînant des anomalies climatiques à grande échelle, comme des changements brusques de temps en Europe. Le réchauffement de l’océan Arctique ralentit également la croissance de microplanctons, perturbant toute la chaîne alimentaire. Il menace de plus des millions de personnes vivant autour du pôle et pourrait entraîner une montée globale des eaux en raison de la fonte du Groenland voisin.

Enfin, les chercheurs estiment que la fonte du permafrost pourrait relâcher dans l’atmosphère l’équivalent de quatre fois les émissions de CO2 équivalent déjà émises depuis la révolution industrielle.

La préservation de l’Arctique est donc aussi cruciale que celle de la forêt amazonienne ou des récifs coralliens.

Le projet Real Ice : une solution innovante

Real Ice propose de re-glacer l’Arctique en hiver pour épaissir la banquise et limiter sa fonte estivale. L’idée est d’utiliser un système de pompage de l’eau de mer pour la projeter sur la glace où elle gèle immédiatement. Des techniques similaires existent depuis longtemps pour faire des routes de glace mais la particularité de Real Ice est d’opérer à grande échelle en-dessous de la glace. Ils veulent utiliser des drones sous-marins qui, propulsés par de l’hydrogène vert, perforent la glace à l’aide d’un tube chauffant via lequel est renvoyé l’eau de mer pompée en-dessous jusqu’à la surface. Ce procédé permet d’épaissir la glace par le dessus et par le dessous, en transformant une partie du manteau neigeux en glace.

Un ambitieux plan de re-glaciation

Si l’Arctique compte encore 12millions de km² pendant l’hiver, elle n’en représente plus que 4 millions l’été. Real Ice ambitionne de reconstituer 1 million de km² de glace arctique par an pour revenir au niveau des années 1980 soit 8 millions de km² de glace estivale. Pour atteindre cet objectif, l’entreprise prévoit de déployer un ballet de 500 000 drones sous-marins, opérant à partir de 1 000 bases flottantes, pour pomper et re-glacer la banquise pendant les mois d’hiver. Ce projet nécessiterait environ 75 000 tonnes d’hydrogène par an. Une quantité jugée négligeable par l’équipe comparée aux bénéfices climatiques attendus.

Un projet de géo-ingénierie terrestre unique en son genre

La géo-ingénierie désigne des projets scientifiques visant à modifier le climat pour lutter contre le réchauffement climatique, tel que la capture directe du CO2 dans l’atmosphère (DCC). Real Ice est à ce jour la seule entité à utiliser un procédé de géo-ingénierie terrestre. Malgré les controverses entourant ces projets, on peut penser que l’urgence climatique actuelle impose d’explorer toutes les solutions possibles. Comme le souligne Pascal Martin-Daguetuet, COO de Real Ice :

“Notre objectif est de restaurer les phénomènes naturels de l’Arctique. Il s’agit avant tout de ralentir le réchauffement climatique pour laisser le temps aux nouvelles technologies de la décarbonation de se mettre en place. L’urgence est de retarder le franchissement des points de bascule, notamment celui du permafrost.”

Un projet open source et à but non lucratif

Basée au Pays de Galles, Real Ice est une organisation à but non lucratif et open source, dont tous les membres sont bénévoles. Après deux ans d’expérimentation en Arctique, les premiers résultats sont déjà concluants. Le budget nécessaire est estimé à 7 milliards d’euros par an. L’équipe est donc à la recherche de financements pour poursuivre ses essais et déployer le projet à grande échelle.

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Marie Duris

RSE Conseil, communication et formation