Série CSRD – Épisode 2 La double matérialité

Episode 2 - série CSRD la double matérialité

La double matérialité

La directive européenne de la CSRD semble être un rouleau compresseur qui déboule sur les entreprises.

Près de 50000 entreprises, dont 6000 en France, vont être concernées par des obligations de publications extra-financières d’ici 2026. C‘est-à-dire demain.

Qu’en est-il réellement ?

Quelles sont les obligations pour se mettre en conformité ?

Qu’est-ce qui n’est pas obligatoire ?

Albacombee vous propose une série en 5 épisodes pour comprendre concrètement comment mener ce projet dans vos organisations.

Qu’est-ce que la double matérialité ?

On parle de double matérialité parce qu’il y a 2 types d’impact.

D’un côté les impacts matériels de l’entreprise sur l’environnement et la société, qu’ils soient négatifs ou positifs.

Et de l’autre, les impacts, les risques et les opportunités financiers pour l’entreprise liés aux évolutions en matière d’environnement ou de social.

Par exemple, pour les impacts matériels sur l’environnement, on va trouver les émissions de carbone, la pollution, les impacts sur l’eau, les ressources ou encore la biodiversité.

En matière sociale, les impacts relèveront par exemple des droits humains ou bien des conditions de travail.

En ce qui concerne les impacts financiers, on va parler par exemple des dépendances à l’eau, ou à certaines ressources naturelles ou à des compétences qui vont se raréfier.

Pour certains secteurs d’activité, on pourra identifier des opportunités pour des nouveaux marchés comme par exemple la réparation ou la location.

La double matérialité un exercice stratégique

L’exercice de matérialité financière est un vrai exercice stratégique car il pose la question des conséquences financières des dépendances environnementales et sociales de l’entreprise.

L’exercice doit prendre en compte les évolutions futures et la probabilité des scénarios.

De plus, il s’inscrit dans une approche sur l’ensemble de la chaîne de valeur, c’est-à-dire tous les fournisseurs et tous les clients en amont et en aval.

L’analyse de double matérialité permettra d’identifier quels enjeux matériels seront décrits.

Et ils ne le seront pas tous.

Aucun n’est obligatoire, mais il faudra expliquer pourquoi on n’a pas jugé matériel certains d’entre eux.

Les audits valideront si les normes de publication ont été respectées, pas le contenu des informations.

Celles-ci seront utilisées par les parties prenantes financières, commerciales ou sociétales qui sont concernées et qui veulent comparer les acteurs.

Il est donc très important en amont d’avoir bien identifié à quelle partie prenante on s’adresse et de les consulter sur leurs attentes.

Comment procéder concrètement ?

Dans la pratique, on va d’abord cartographier les parties prenantes et les interroger pour identifier les enjeux, les fameux IRO, à partir d’une liste de thèmes répartis dans les catégories environnement, social et gouvernance.

Une analyse bibliographique de votre écosystème à 360° est fortement recommandée pour avoir une vision objective des enjeux. Elle sera à compléter si besoin par des consultations de parties prenantes.

Il n’y a pas de règle sur le nombre de parties prenantes à consulter. Tout dépend de ce qui a déjà été fait, notamment s’il existe une matrice de matérialité.

Cela dépend de la taille de l’entreprise, de l’importance de chaque partie prenante.

Il n’y a pas d’obligation de questionnaire non plus à envoyer.

L’important, c’est de bien décrire cette méthode.

Il faut ensuite évaluer l’importance de ces enjeux en intégrant différents paramètres relatifs à la gravité, leur caractère irrémédiable, leur ampleur, la fréquence d’occurrence.

En général, on va réaliser des ateliers de cotation car les questionnaires ne suffisent pas pour pondérer finement l’évaluation.

Pour la cotation des risques financiers, on peut partir de la matrice des risques si elle existe.

Il est important de ne pas oublier, de ne pas passer à côté des opportunités.

Cette étape se fait forcément en intégrant la direction financière et la direction en charge des risques.

Enfin, vous l’avez compris, l’analyse de double matérialité, c’est un exercice stratégique et nous recommandons fortement d’y associer le comité de direction.

Cette analyse oblige à se projeter financièrement dans le futur et c’est tout l’enjeu constructif de la CSRD.

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Marie Duris

RSE Conseil, communication et formation