Des notes aux labels colorés, de nouvelles promesses « durables » fleurissent chez les distributeurs. A quoi servent ces « scores de durabilité » et peut-on leur faire confiance ?
Réutiliser, réparer, recycler, économiser l’eau, l’énergie. Les consommateurs sont de plus en plus poussés à adopter de nouvelles habitudes pour diminuer le gaspillage, l’empreinte carbone, la consommation d’eau ou la production de déchets. Ils cherchent à se tourner vers des biens de consommation plus durables. Mais comment savoir quel produit sera plus vertueux qu’un autre ? Le prix est-il un marqueur déterminant ? Pour y répondre des enseignes ont commencé à afficher des « scores » de durabilité sur leurs produits. Entre anticipation législative d’une part et de nouvelles opportunités de marché d’autre part, on vous décrypte ce phénomène.
De nouvelles obligations de transparence
Grâce à la loi AGEC, loi pour l’anti-gaspillage et une économie circulaire, de nombreuses initiatives se déploient en faveur de l’environnement. Un des points clés de cette loi est de mieux informer les consommateurs sur ce qu’ils achètent : provenance, composition, impact environnemental, recyclabilité, fiabilité du produit.
En effet, les consommateurs demandent plus de transparence. Depuis janvier 2021, la loi AGEC a obligé l’affichage d’un indice de réparabilité sur un certain nombre de produits. L’objectif est ainsi de lutter contre l’obsolescence programmée et de pousser le consommateur à développer des réflexes d’achat plus responsables, en optant pour des produits à la durée de vie plus longue.
En 2024, un cran supplémentaire sera franchi car cet indice de réparabilité deviendra un indice de durabilité. De nouveaux critères, comme la robustesse ou la fiabilité du produit, rentreront en compte pour définir une note sur 10.
Plus le produit est solide, réparable et fonctionnel dans le temps, plus il est considéré comme durable. Il sera donc renouvelé moins souvent. Ce qui peut entraîner un cercle vertueux : consommer moins, produire moins, émettre moins de gaz à effet de serre, générer moins de déchets et préserver les ressources naturelles. Pour être qualifié de durable, le produit devra également être écoconçu.
Mieux informé, le consommateur devient davantage responsable de ses achats.
Les équipements électroniques et numériques sont principalement visés. Par exemple, à l’échelle de la France, rallonger la durée de vie d’une télévision d’un an, en passant de 8 à 9 ans, permettrait d’économiser plus de 1,7 millions de tonnes d’équivalent CO2 (chiffres de l’ADEME), ce qui est comparable aux émissions annuelles de la ville de Lyon.
Le secteur du bricolage a pris les devants en créant des index ou des scores de durabilité
Leroy merlin vient de sortir son « Home Index » qui repose sur 26 critères classés dans 6 catégories : matières premières, composants, conditions de production, consommation d’eau et d’énergie, emballages et écolabels, durée de vie et réparabilité. Les produits sont évalués et comparés par famille de produits.
Avec ses produits taggués « j’agis », @Bricorama guide le consommateur pour agir sur les impacts environnementaux et sociaux les plus pertinents par catégorie des produits. L’enseigne a consulté des experts indépendants, spécialistes en développement durables, afin d’identifier l’enjeu prioritaire pour chaque gamme de produits et de permettre au client d’avoir le plus grand impact positif via son achat.
Castorama promeut quant à lui les produits Bon+Bon qui sont sélectionnés dans 5 univers : les produits du jardin plus naturels, les peintures plus saines pour l’air intérieur, les produits durables qui économisent la ressource, les produits qui économisent l’eau et ceux qui réduisent la consommation d’énergie.
ManoMano a positionné son « carbone score » sur un seul enjeu, le carbone. Une note de A à E affichée sur l’étiquette informe précisément le client sur l’empreinte carbone du produit. Pour le moment seuls 15% des articles sont concernés mais l’enseigne entend étendre son carbone score à plus de 70% de ses produits d’ici 2024.
Quand l’indice de durabilité ouvre de nouvelles opportunités business pour @Fnac-Darty
Le groupe Fnac-Darty a développé son indice de durabilité pour noter ses équipements électroniques et d’électroménager en fonction de leur impact environnemental. Les produits les mieux notés intègrent la sélection « choix durable » de l’enseigne et gagnent une mise en avant exceptionnelle. Ils sont présentés comme : plus fiables (ils tombent moins en panne), plus réparables et moins énergivores.
« Le but est de prolonger la durée de vie des produits que l’on vend, ce qui devient l’élément clé de notre stratégie », explique Géraldine Olivier, responsable RSE de Fnac Darty.
Pour ce faire le groupe a beaucoup investi sur le volet réparation en embauchant et formant des réparateurs. Mais aussi en travaillant avec ses fournisseurs pour garantir un accès prolongé aux pièces détachées. Il a tout intérêt à entrainer l’ensemble de ses partenaires dans cette démarche car les clients sont au rendez-vous. Les produits « choix durables » connaissent une multiplication de leurs ventes par 2 voire 4.
A noter que le groupe indexe une partie de la rémunération des salariés sur la vente de ces produits.
Les scores de durabilité deviennent de nouveaux terrains concurrentiels
Plusieurs groupes ont ainsi développé leurs propres scores de durabilité en anticipation de l’application des obligations de la loi AGEC. Ces notations ont pour effet de créer un nouvel enjeu de concurrence sur un critère écologique cette fois : les fabricants ont intérêt à améliorer la durabilité de leurs produits pour être bien notés chez le distributeur et mis en avant dans les rayons.
Les scores informent le consommateur pour lui permettre de faire des choix plus responsables et engagés.
Un bémol cependant, chaque groupe utilise ses propres critères et grilles de notation et l’inflation des scores et des labels nuit à la compréhension des consommateurs et affaiblit le message. Il faut espérer une uniformisation de ces initiatives à l’impact positif.
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